Girl Sculpting of Modeling Clay While Sitting at Table

Y a-t-il des prérequis à l’écriture ?

« En France, par exemple, on estime qu’il y a environ 6% d’enfants dyspraxiques » mais ce taux intègre en fait « 85% d’enfants dysgraphiques », qui souffrent, pour certains, simplement de troubles développementaux de l’écriture, après avoir mal acquis les prérequis à l’école. Des troubles qui peuvent être corrigés, à condition d’être décelés. »

Cet extrait d’un article de Fabien Magnenou publié sur le site internet de France Info le 26 mars 2018, fait le lien entre troubles de l’écriture et prérequis mal acquis à l’école. C’est donc l’occasion d’appronfondir cette notion de prérequis à l’écriture.

L’école est-elle la seule en cause ?

Avant d’aborder plus précisément ces prérequis, il me semble important de préciser que les enfants n’arrivent pas vierges à l’école et qu’il est donc essentiel que nous, parents et professionnels de la petite enfance, soyons sensibilisés au sujet de l’écriture car nous avons pleinement notre rôle à jouer.

En effet, dans les classes de maternelle de mes collègues, nombreux sont les enfants à avoir une tenue de crayon inadaptée en arrivant à l’école.

Si l’école a longtemps été le lieu de découverte des crayons, feutres, et autres outils de l’écriture, ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui. On trouve dans les rayons des magasins une multitude de propositions à destination des tout-petits et ces outils sont désormais utilisés très jeunes dans les familles, à la crèche, chez les assistantes maternelles et à l’école. Or, lorsque des mauvaises tenues de crayons sont ancrées, il est bien plus difficile de déconstruire ces habitudes pour en installer de nouvelles que d’apprendre à tenir son crayon à un enfant qui n’en a jamais tenu auparavant.

Quels sont donc ces prérequis à l’écriture ?

Que ce soit à l’école ou avant l’école, nous oublions parfois que le corps a son propre rythme et que certaines étapes sont essentielles à un bon développement. Il ne nous viendrait pas à l’esprit de mettre un couteau tranchant dans la main d’un tout petit car nous estimons qu’ils ne sont pas prêts et que cela pourrait les mettre en danger. Mais les crayons paraissent si inoffensifs que nous oublions de nous demander s’ils correspondent au développement de notre enfant et si leur usage peut leur être nocif. Le marketing étant passé par là, si les packagings, couleurs et formes semblent faits pour eux, c’est bien que parce qu’ils ont été pensé pour eux et pour leur développement, non ? Hélàs pas toujours…

Si je devais résumer les prérequis à l’écriture, je dirai :

  • une main prête
  • un enseignement de l’usage de l’outil
  • un outil adapté

Une main prête

Pour être prête, une main doit être tonique, avoir une bonne motricité fine et des doigts bien différenciés. Ces éléments sont impératifs pour permettre de tenir correctement un crayon.

Avez-vous déjà essayé de manier la tronçonneuse pendant des heures sans en avoir la musculature nécessaire et sans avoir appris le bon geste pour protéger votre dos ? Mauvaise posture, douleur et tendinite garanties !

Nos vies actuelles sollicitent moins le développement moteur des enfants. Le manque de temps, le besoin d’aller vite quitte à faire à leur place, le manque d’espace en appartement… leur laisse moins de possibilités de le développer. Les enfants passent en majorité moins de temps dehors ou en jeu libres, confrontant leur corps à des difficultés motrices et plus de temps immobiles devant des écrans. Cela a un impact sur leur motricité globale et fine et sur le bon développement de la main qu’il faut prendre en compte.

Un apprentissage de l’outil.

La main de votre enfant est prête ? Parfait, maintenant, vous allez pouvoir lui confier un crayon. Mais comme pour tout outil, son maniement s’apprend !

Lorsque vous lui avez donné pour la 1e fois une cuillère, vous l’avez d’abord laissé découvrir l’outil, puis vous lui avez montré comment la tenir, comment l’utiliser et il a fallu un certain temps avant que votre aide ne soit plus nécéssaire, que vous n’ayez plus besoin de corriger sa position pour qu’il puisse la tenir sans en renverser le contenu et la guider jusqu’à sa bouche avec succès.

Et bien c’est exactement la même chose pour l’apprentissage du crayon. Un enfant qui n’aura eu aucun apprentissage, le tiendra comme il le peut et adaptera sa position pour y trouver un certain confort d’usage : il va « torde » son poignet pour mieux voir ce qu’il écrit ou moins faire baver l’encre, il va utiliser tous ses doigts voire toute sa main pour tenir un crayon trop gros… Mais bien souvent cela se fait au détriment de l’efficacité et les adaptations, si elles permettent un gain de confort ou plus exactement de praticité sur le moment, peuvent générer des douleurs à long terme, sollicitant de manière peu équilibrée le corps. L’apprentissage et le guidage progressif sont donc des prérequis nécessaires au développement de l’écriture.

Le choix des outils

Voici un petit guide de survie pour s’orienter dans la multitude d’outils, pour parents, nounous et compagnie.

Lorsque l’on choisit de faire utiliser à un tout-petit des outils d’écriture, le plus sage est de choisir des outils qui ne nuiront pas à son futur apprentissage de l’écriture. Chaque outil, de part sa forme, sa taille va induire une position. On va donc observer comment l’enfant tient naturellement l’outil proposé et privilégier les outils dont la tenue instinctive se rapproche le plus possible de la « bonne » tenue d’un crayon. On choisira donc pour les plus jeunes, des outils qui peuvent être laissés à disposition sans risque de générer des mauvaises postures / tenues de crayon, en attendant que la main soit prête. Les feutres ne sont pas du tout indispensables et seraient même plutôt à éviter (diamètre souvent important, trace laissée sans le moindre effort, contrôle plus délicat du tracé).

Lorsque la main est prête, on proposera en premier lieu des crayons gras ou aquarellables (dont le confort de glisse est plus important) avant de passer au stylo.

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